Il a repeint les boutons en bleu? Ca doit couter un os d'acheter de nouvelles soutanes. Et qu'a-t-il fait des soutanes rouges?
Après quelques hésitations sur l'utilité et l'intérêt d'écrire sur un sujet haut en couleur, j'expose au lecteur quelques points concernants le titre et la tenue de choeur couramment utilisés par le fondateur et supérieur général de l'Institut du Christ-Roi, Monseigneur Gilles Wach.
1) Michael Davies (ancien président d'Una Voce International ndt) a eu un entretien avec Mgr Wach au 20ème anniversaire de son ordination sacerdotale, et quand il lui a parlé de son titre, Mgr Wach a déclaré "aujourd'hui je suis vicaire général émérite, et mon titre était seulement durante munere."
2) Mgr Wach fut quelque temps l'un des deux vicaires généraux du diocèse de Mouila au Gabon. Mouila était et reste aujourd'hui un diocèse minuscule; l'Annuaire Pontifical de 1991 indique qu'il y a 75000 catholiques, un évêque, 12 prêtres et 5 séminaristes à Mouila. Si une situation peu ordinaire a pu rendre deux vicaires généraux nécessaires à Mouila, elle n'existe plus aujourd'hui puisqu'un seul vicaire général apparaît dans l'Annuaire Pontifical. On découvre d'autres prêtres aux tendances traditionnelles, ayant effectué leurs études à Rome à la fin des années 70 et au début des années 80, incardinés dans ce diocèse africain. L'évêque Mgr Cyriaque Obamba fut à la tête du diocèse de 1977 à 1992 été était considéré comme favorable à l'archevêque Mgr Marcel Lefebvre.
3) Jusqu'à 1969, on donnait à un vicaire général "durante munere," -exclusivement pendant l'exercice de sa charge-, les privilèges d'un Protonotaire titulaire ou honoraire; selon le Motu Proprio de Saint-Pie X, "Inter Multiplices Curas," du 21 février 1905. Ceux-ci incluaient le titre de Monseigneur et une tenue de choeur noire spéciale.
4) Je cite de ce document le paragraphe 62 : "Pariter, qui Vicarii Generalis aut etiam Capitularis munere fungitur, hoc munere dumtaxat perdurante, erit Protonotarius Titularis; hinc, si Dignitate aut Canonicatu in Cathedrali non gaudeat, quando Choro interesse velit, habitu Protonotarii praelatitio, qui infra describitur, iure utetur." Essentiellement : Un vicaire général était un Protonotaire titulaire pendant l'exercice de sa charge. Il avait droit au code vestimentaire cité ci-dessous.
5) Paragraphe 64 : "Extra Urbem, dummodo Summus Pontifex eo loci non adsit, in sacris functionibus rite utuntur habitu praelatitio, nigri ex integro coloris, idest veste talari, etiam, si libeat, cum cauda (numquam tamen explicanda), zona serica cum duobus flocculis a laeva pendentibus, rochetto, mantelleto et bireto, absque ulla horum omnino parte, subsuto aut ornamento alterius coloris." Ce qui signifie que l'habit de choeur d'un vicaire général était la soutane noire, avec une ceinture de soie noire se terminant par deux glands noirs, un rochet sans doublure autre que noire, un mantelet de laine noire, doublé et fileté de noir, et une barette noire avec pompon noir. Dans le cas d'un vicaire général, ce privilège était limité, comme pour la tenue de choeur d'un chanoine, au périmètre du diocèse.
6) Paragraphe 67 : "Super habitu quotidiano, occasione solemnis conventus, audientiae et similium, ... zonam tantum sericam nigram, cum laciniis item nigris, gestare poterunt, cum pileo chordula ac floccis nigris ornato." Dans les occasions solennelles, ces Protonotaires titulaires pouvaient utiliser sur la soutane noire ordinaire une ceinture de soie noire avec des franges noires, et aussi s'ils le désiraient un chapeau avec un cordon et des grands noirs. La soie était une matière réservée, d'où le privilège.
7) Paragraphe 76 : "Vicarii Generales ... si quavis ex causa a munere ... cessent, eo ipso, titulo, honoribus et iuribus ipsius Protonotariatus excident." Les titres, honneurs et privilèges cessent à l'expiration de la fonction. Il n'y a pas de "titres de courtoisie" pour un ancien vicaire général.
8) Ces mêmes règles concernant les Protonotaires titulaires ont été confirmées par le Pape Pie XI dans sa constitution apostolique "Ad Incrementum Decoris," du 15 août 1934, paragraphe 59 : "Protonotariorum honorariorum munera, iura, privilegiaque describuntur in praefatis Litteris Apostolicis, sub numeris 59-76."
9) Le supérieur général de l'Institut du Christ-Roi arbore une tenue de choeur sonsistant en une soutane violette et une ceinture à glands violets, un rochet aux manches doublées de soie rouge amarante, un mantelet violet, et une barette noire à pompon violet. Il porte aussi des chaussures à boucles d'argent, une soutane noire doublée et filetée de rouge cramoisi, des boutons rouges cramoisi, un colaro rouge, une ceinture de soie violette avec franges violettes et le ferraiolo violet. Avant 1969, c'était la tenue de choeur et la tenue de ville d'un Prélat Domestique de Sa Sainteté, et non celui d'un simple Protonotaire titulaire. J'ai aussi vu sur le site web de l'Institut Mgr Wach portant le "tabarro" violet doublé d'or, le manteau avec cape et col de velours, utilisé exclusivement par les évêques avant sa suppression explicite en 1969. Et est-ce une discrète queue violette que j'ai vue sur d'autres images ?
10) Suite à l'Instruction de la Secrétairie d'Etat "Ut Sive Sollicite," du 31 mars 1969, la tenue particulière de Mgr Wach coïncide avec celle d'un Protonotaire Apostolique de Numero Participantium, un de ces très rares hauts prélats de la curie romaine qui n'ait pas rang d'évêque. Cela dit, l'Instruction de 1969 a supprimé les glands à la ceinture et les boucles aux chaussures.
11) D'après moi, Monseigneur Gilles Wach n'a aucun droit au titre de Monseigneur, pas plus qu'il ne peut porter une tenue de ville ou de choeur autre que celle d'un simple prêtre. Cependant, parce qu'il a été ordonné par un pape, il est autorisé par la coutume (peut-être même par privilège, je ne possède pas de document de référence) à avoir boutons et doublure violette à sa soutane; je pense que c'est toujours en vigueur bien que je n'aie jamais vu de prêtre en profiter. Monseigenur Wach est docteur en théologie et à ce titre il pourrait porter un anneau en dehors des fonctions liturgiques. Mais s'il vous plaît ne lui dites pas !
Peut-être quelqu'un voudra poser officiellement la question à la Congrégation du Clergé. Je l'ai déjà fait à titre officieux et n'ai récolté qu'un gros éclat de rire.